Discussion avec Pascale Solages autour de la production de la pensée féministe haïtienne.
- Publié le: 2021-12-02 01:24:33
- Autre
- Par Guissepe Fleurant
Le féminisme, mouvement de renommée mondiale, au fil des ans, a fini par se répandre dans beaucoup de pays à travers le monde et notamment en Haïti. Le premier mouvement féministe fut instauré en Haïti par une brillante et première femme avocate du nom de Madeleine Sylvain Bouchereau. Elle fonda en 1934 la Ligue Féminine d’Action Sociale (LIFAS) qui fut la première organisation féministe haïtienne. De nos jours, force est de constater en Haïti un anti-féminisme des plus virulents, que ce soit dans le discours de beaucoup d’hommes ou dans les comportements qu’ils affichent vis-à-vis des femmes. « cet anti-féminisme doit être combattu et ceci avec beaucoup de rigueur, les hommes doivent savoir que nous aussi nous sommes des êtres humains », clament les femmes se sentant offusquées par cette agressivité, ce discours dénigrant et déshumanisant que profèrent des hommes et même des femmes comme elles à leur égard.
ALASO est l’une de ces plateformes qui, mise sur pied depuis quelques temps, prend part activement à cette lutte contre l’antiféminisme. Pascale Solages, militante féministe, spécialiste en genre et membre fondatrice de l’organisation féministe ‘’ NÉGÈS MAWON ‘’ , dans le cadre d'une entrevue, elle décide de nous apprendre plus sur cette plateforme.
Lire aussi: Dekò: Yon spektak pou lòt mwatye feminis la an AyitiAE : La plateforme ALASO, est-ce votre initiative ? Si oui, depuis quand existe-t-elle ?
Pascale : ALASO est un carnet militant féministe, c’est une plateforme de la pensée féministe, c’est-à-dire que c’est un espace que l’on a créé afin que des féministes haïtiennes puissent réfléchir, proposer des idées, lancer des débats, militer, critiquer en vue d’obtenir des résultats satisfaisants en matière de production intellectuelle et de lutte contre ce phénomène qu’est l’antiféminisme. Cette plateforme est l’initiative de NÉGÈS MAWON , une organisation féministe haïtienne dont je suis l’une des membres fondatrices. On s'est rendu là grâce à l’aide de dix contributrices qui sont des journalistes, des activistes, des universitaires, des artistes et aussi des professeures.
AE : Comment ALASO compte-t-elle au renforcement du mouvement féministe en Haïti ?
Pascale : Un mouvement, pour exister, doit être d’abord pensé, orienté et alimenté. ALASO, pour sa part, renforce ce mouvement qu’est le féminisme par la réflexion, le développement de la pensée critique. ALASO permet à un grand nombre de féministes haïtiennes qui ne vivent et n’évoluent pas nécessairement en Haïti d’apporter leur contribution à ce mouvement. On a besoin de cerveaux, on a besoin de potentialités et ça ne va pas se faire avec les féministes vivant uniquement en Haïti.
AE : Cette plateforme existe-t-elle dans d’autres pays ?
Pascale : La plateforme existe partout dans le monde. Le premier numéro de ALASO a réuni des féministes en europe, en amérique du nord, dans la caraïbe et aussi en afrique. C’est une plateforme féministe haïtienne mondiale ! Quelque soit l’endroit dans le monde où l’on retrouve des féministes haïtiennes, la plateforme existe.
AE : Quelqu’un désireux de combattre l’antiféminisme pourrait-il adhérer à cette plateforme ? Si oui, quelles en sont les formalités ?
Pascale : La plateforme est ouverte à tous les gens désireux de porter leur contribution à sa bonne marche. Dès que quelqu’un croit en ce mouvement qu’est le féminisme haïtien, dès qu’il défend et respecte les principes et les valeurs féministes, la personne est automatiquement éligible à adhérer à la plateforme. Chaque fois qu’on aura à sortir un carnet, on contactera des féministes qui auront à participer à la bonne marche du programme. Je ne crois pas qu’il y ait une formalité. N’oublions pas que l’objectif de ce projet n’est pas seulement de combattre l’antiféminisme, c’est aussi de pousser la réflexion, le mouvement féministe plus loin que possible.
AE : Comment ALASO compte-t-elle participer à la formation des gens plus précisément des femmes et des filles en Haïti que ce soit sur le plan éducatif, culturel, social et autres?
Pascale : Dire ALASO c’est déjà dire contribuer à la formation puisque c’est un carnet, une plateforme, un ouvrage, un espace de production de la pensée intellectuelle et critique. ALASO, dans son essence est un outil de formation des jeunes femmes et des filles en Haïti car, partout dans le monde elle est présente. Il faut noter qu'en œuvrant dans la production intellectuelle, on arrivera à renforcer notre principale mission qui est d’enrichir la connaissance dans ce domaine. Ainsi, ALASO se définit comme étant un espace de production, de débat, de réflexion nécessaire à la formation des femmes et des filles en Haïti.
À partir de cette entrevue, on a pu saisir la ligne directrice de cette plateforme, ce qu'elle se donne comme objectif et les moyens utilisés pour arriver à les atteindre. Au fait, Pascale Solages n'a pas manqué l’occasion d'encourager les femmes à être autonomes, à s'armer de courage et de détermination afin de pouvoir accomplir de grandes choses dans leur vie.
Fleurant Guissepe